Devoir de redevabilité devant la Commission ATI-NTIC de l’Assemblée Nationale, le Directeur Général de la SNEL, Fabrice Lusinde, a livré ce mardi 10 juin, un exposé sans fard.
Entre reddition de comptes, analyse des indicateurs de production, la rencontre s’est transformée en plaidoyer pour un soutien à l’industrie de l’électricité et à son fleuron, la SNEL SA. Plus qu’un fleuron, un bien commun, outil de notre souveraineté énergétique.
« Nous sommes au service de l’État » : un rappel de mission dans un contexte critique
Fabrice Lusinde a plébiscité la nécessité du contrôle parlementaire, saluant la démarche.
« Ce type d’échange devrait devenir régulier, pas seulement ici, mais aussi sur le terrain, au cœur des chantiers et des réalités que vivent nos concitoyens» a plaidé le DG.
Une SNEL avec un genou à terre mais toujours debout : l’ampleur d’un déséquilibre systémique
Les réponses aux questions ont révélé la nécessité de faire bouger les lignes : d’un côté, des infrastructures vétustes et une production menacées faute d’apport suffisants en eaux ; de l’autre, une facture de consommation d’électricité que l’État propriétaire ne paie pas.
Résultat des courses : 73 millions de dollars de pertes cumulées au 1er trimestre 2025, dont :
• 23 millions $ en janvier,
• 14 millions $ en février,
• 18 millions $ en mars,
Et près de 6 millions $ chaque mois d’impayés de l’État. Cela représente plus de 50% du budget d’investissement sur fonds propres de l’entreprise.

« Nous ne pouvons plus continuer à faire semblant : sans moyens, il n’y a ni maintenance ni investissement.
L’effondrement de la production du parc Sud – causé par les digues construites dans les bassins versants de la Lufira et du Lualaba a entraîné une chute dramatique de nos recettes», a-t-il expliqué.
Des réponses, oui à condition que les decideurs politiques s’engagent et aillent jusqu’au bout de la démarche
Si le DG a tenu à rassurer les Honorables Députés quant aux efforts en cours : digitalisation, cost killing, mise en œuvre du contrat de performance avec l’État, il n’a pas caché les limites imposées par la chute libre des recettes de l’entreprise. Les projets d’assainissement et de stabilisation du réseau sont en cours, mais freinés par budget d’investissement plombé.
« Sans recettes suffisantes ni soutien du Budget de l’Etat pour le paiement arriérés, on perd la capacité de soutenir les investissements critiques et indispensables pour améliorer sensiblement la desserte et le service public de l’électricité », a-t-il défendu.
Lumière sur les grands chantiers : entre ambition et dépendance
Plusieurs projets structurants ont néanmoins été mis en avant, témoignant de la vision stratégique de la direction :
• Construction de nouvelles centrales et poursuite du programme de rénovation des centrales existantes
• Programme d’assainissement des réseaux urbains et de digitalisation du service à la clientèle
• Projets de parcs solaires
Un appel au Collectif budgétaire pour soutenir la politique de redressement de la SNEL
Le message le plus clair du DG reste un plaidoyer pour le financement spécifique des factures de consommation d’électricité de l’État dans le prochain Collectif budgétaire. Il a sensibilisé les Honorables Députés sur la nécessité de prendre les mesures idoines pour sortir définitivement la SNEL d’un cycle d’endettement sans fin.
Vers une nouvelle gouvernance énergétique ?
Au-delà de la technique et des chiffres, le DG a présenté les menaces de :
• l’Urbanisation anarchique,
• Pollution des cours d’eau,
• Absence d’une fiscalité énergétique incitative et propice à l’investissement,
Autant de défis qui dépassent le cadre de gestion SNEL et qui exigent une vision d’ensemble, portée par tous les decideurs et acteurs concernés par l’essor de l’industrie de l’électricité et l’industrialisation.
L’urgence à agir au mieux et au plus tôt
Ce plaidoyer devant la Commission ATI-NTIC a mis en exergue la vulnérabilité et les menaces qui pèsent sur cette entreprise vitale de notre pays, mais aussi sur l’engagement de sa Direction Générale de relever l’entreprise.
Si la SNEL n’a pas (encore) tous les moyens de ses politiques, la volonté de faire avancer les choses est manifeste.
Il revient désormais au Gouvernement, au Parlement, aux partenaires techniques et à chaque Congolais de prendre les choses à bras le corps. La SNEL est un bien commun et le socle de la souveraineté énergétique au service du Bien-être et du développement socio-économique.
CHRONIK’ECO