La République démocratique du Congo (RDC) décide de prendre en mains son destin en ce qui concerne la surveillance de ses forêts. D’ici à fin décembre, le pays devra disposer d’un Système national de surveillance des forêts (SNSF). Un nouveau bâtiment est en cours de construction à l’Université de Kinshasa pour se faire.
La République démocratique du Congo (RDC) disposera, d’ici à fin décembre 2024, d’un Système national de surveillance de ses forêts. La cérémonie officielle de pose de la première pierre pour la construction devant abriter ce laboratoire a été organisée hier jeudi 11 avril 2024, devant le bâtiment abritant la faculté des sciences agronomiques et environnementales de l’Université de Kinshasa.
Présidée par la ministre de l’Environnement et développement durable, Eve Bazaiba Masudi, la cérémonie a connu la participation de plusieurs officiels. Notamment le ministre de la Recherche scientifique, Gilbert Kabanda, le recteur de l’Université de Kinshasa, Jean Marie Kayembe et tant d’autres. Les travaux seront exécutés par le cabinet Ndondoboni. Ils dureront huit mois et seront entièrement financés par le gouvernement congolais en partenariat avec la société américaine Wildlife Works Carbon LLC et son partenaire congolais ERA-Congo SARL, à hauteur de 30 millions de dollars américains.
Dans sa communication de circonstance, Eve Bazaiba a circonscrit les contours ayant motivé la construction de ce laboratoire de surveillance des forêts. Pour la ministre Bazaiba, il s’agit d’une œuvre qui fera la fierté de la RDC ainsi que de l’Afrique entière.
« En effet, c’est depuis 2007, lors de la COP13, à Bali, en Indonésie, que le Secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique avait exigé aux États membres du mécanisme international REDD+ de mettre en place des Système nationaux de Surveillance des Forêts pour améliorer le mesurage, le rapportage et la vérification des activités forestières dans leurs pays respectifs », a déclaré Eve Bazaiba.
Fierté africaine
Et d’ajouter : « C’est avec fierté et honneur que la RDC procède ce jour au lancement de la construction du bâtiment devant abriter son Système national de surveillance forestière. Notre fierté se trouve renforcée par le fait que cette initiative qui va couter plus de 3 millions de dollars américain soit le fruit d’un financement propre du ministère de l’Environnement et développement durable, en partenariat avec la Société américaine Wildlife Works Carbon LLC et son partenaire congolais ERA-Congo SARL ».
Le projet concerne la construction du bâtiment devant abriter le Système National de Surveillance des forêts de la RDC (SNSF), et son opérationnalisation. Étant dotée de la seconde plus vaste superficie de forêt tropicale au monde après le Brésil, soit environ 152 millions d’hectares sur plus de 60% du Bassin du Congo, le rôle à jouer par ce laboratoire sera crucial dans la lutte contre le réchauffement de la planète.
Une fois opérationnel, le SNSF permettra à la RDC de renforcer ses mesures de sauvegarde, de préservation, de protection et de restauration de son immense potentiel forestier. Cela consolidera les mesures prises dans ce secteur par le gouvernement dont notamment l’opérationnalisation du Conseil consultatif national des forêts, les États généraux des forêts en vue de l’élaboration de la politique forestière du pays, la revisitassion de toutes les concessions forestières octroyées à ce jour en RDC ainsi que la création d’une autorité de régulation du marché de carbone.
Près de140 Gigas de tonnes de carbone à gérer
Le projet se fera en trois phases simultanées, dont la construction du bâtiment ; la dotation en équipements de télédétection et d’analyse spatiale ; le renforcement des capacités des Enseignants du Département des Gestions des Ressources Naturelles et des agents du Ministère de l’Environnement et Développement Durable dans l’apprentissage des techniques relatives au Système de Surveillance des Forêts à l’Université du South Dakota en vue de mettre en œuvre et conduire ce système.
Pour cette première phase, le MEDD a déjà versé un montant de USD 1.000.000 au BCeCO, via le Fond d’Interventions pour l’Environnement, le FIPE. ERA Congo a pour sa part, mis à la disposition du projet USD 1.500.000 en 2023, avec la promesse de combler le solde de USD 500.000 en 2024.
La surveillance forestière, un des outils par excellence dans la mise en œuvre de contribution déterminée à l’échelle nationale, permettra à la RDC de mieux se connaitre, contrôler, et surveiller par lui-même, son riche couvert forestier pour le protéger et le valoriser, contrairement à la situation actuelle où le pays dépend des connaissances, analyses, prédictions et autres apports cognitifs extérieurs.
Les forêts congolaises disposent d’une capacité de stock estimée à environ 140 Giga de tonnes de carbone. Or, une aussi grande richesse ne va pas sans responsabilité. Pour Eve Bazaiba, en lançant, ce projet sur fonds propres, le ministère de l’Environnement et Développement Durable s’inscrit dans la vision du Chef de l’État, consistant à faire assumer au pays ses responsabilités au sujet des ressources forestières dont les services sont partagés avec l’humanité toute entière.