La demande de thé durable dans les principaux pays consommateurs a augmenté ces dernières années et laisse entrevoir de belles perspectives de croissance. Ce segment de marché en plein essor offre des opportunités pour les producteurs de thé en Afrique. Le Mali, le Mozambique, la République Démocratique du Congo, le Malawi et l’Éthiopie peuvent se positionner en Afrique, pour bénéficier de la progression attendue d’ici 2026 de la demande en thé écologique aux États-Unis et en Europe (8,4 % et 6,6 % respectivement), selon un rapport publié ce début 2024 par l’Institut international du développement durable (IISD).
L’organisme international justifie sa thèse par le potentiel de production encore inexploité dans ces différents pays. D’après les données compilées par la plateforme Statista, ces 5 pays ont représenté 12 % de la production africaine de thé en 2020 avec une récolte combinée évaluée à près de 100 000 tonnes.
Cependant, moins de la moitié de ce volume, soit 47 300 tonnes, a été certifié durable en 2021, dont la quasi-totalité (95,7 %) provient du Malawi, troisième producteur africain de thé derrière le Kenya et l’Ouganda, selon les données compilées par le Centre du commerce international (ITC).
Pour profiter de ces opportunités sur le segment du thé durable en plein essor, l’IISD estime que les producteurs de thé dans les pays susmentionnés auront besoin de l’aide d’acteurs de soutien pour adopter des pratiques de culture conformes aux Normes volontaires de durabilité (NVD ou VSS en anglais).
Les NVD pour une meilleure valorisation des prix du thé
Aussi connu sous l’appellation de « Normes privées », les NVD sont des normes qui définissent les exigences spécifiques à un produit ou un processus que les producteurs, les négociants ou les détaillants doivent respecter eu égard aux indicateurs de durabilité. Il peut s’agir de respect des droits humains élémentaires, de la santé et de la sécurité des travailleurs, des impacts environnementaux de la production, ou de la planification de l’utilisation des terres.
Les NVD peuvent procurer aux petits producteurs des avantages sur les plans économique, environnemental et social. Elle permet surtout aux producteurs de thé d’obtenir des prix élevés et plus stables pour leur récolte grâce à divers mécanismes qui sont mis en place par les organismes de certifications.
A titre indicatif, Rainforest Alliance, l’un des principaux organismes de certification de thé durable, exige depuis 2020 que tous les acheteurs de thé de son label paient une prime de durabilité obligatoire, aussi appelé Différentiel de durabilité (DD). Il s’agit d’un paiement supplémentaire en espèces versé aux producteurs certifiés en plus du prix du marché.
« En Turquie, par exemple, les thés conventionnels sont parfois (rémunérés, ndlr) jusqu’à 625 % moins chers que les alternatives plus durables », souligne l’IISD.
Il convient de noter que si les NVD offrent aux producteurs la possibilité d’améliorer leurs revenus, ils sont aussi confrontés à des défis qui freinent leur diffusion dans certains pays.
Les défis
Dans un rapport intitulé « Les normes volontaires de durabilité dans le commerce international » et publié en 2023, la CNUCED indique que les coûts liés à la certification constituent le principal obstacle à l’adoption des NVD dans les pays à faible revenu. Ces coûts prennent en compte les frais d’audit, qui sont à la charge de l’entité adoptant les normes, ainsi que des frais liés à la décision de certification, (certains organismes de gestion des NVD prélevant une redevance pour l’octroi d’un certificat).
Avec AGENCE ECOFIN