Le changement ou modification de la Constitution que prônent certains membres du régime, ne cesse de susciter des vagues de protestation. La dernière en date émane de l’opposant Martin Fayulu Madidi, président de l’Ecidé. Aux côtés de certains leaders de l’opposition politique, Martin Fayulu promet de barrer la route à toute modification de la Constitution. Il juge cette démarche inopportune.
La Loi fondamentale de la République démocratique du Congo (RDC) pourra subir des modifications dans les jours à venir, si l’on s’en tient aux propos du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Face à cette initiative jugée « inopportune », l’opposant Martin Fayulu Madidi oppose une résistance théorique farouche et prédit l’échec de cette démarche initiée par le président Tshisekedi.
Pour le président de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé), en s’engageant dans cette démarche visant à modifier ou changer la Constitution de la RDC, Félix Tshisekedi a fait une déclaration de guerre. Et par conséquent, il doit se tenir prêt à aller jusqu’au bout. Martin Fayulu promet de mobiliser les Congolais contre cette démarche qui, selon lui, ne vise qu’à garantir le maintien de Félix Tshisekedi au pouvoir au-delà du délai constitutionnel.
Le président de l’ECIDé se dit prêt à déployer toute son énergie aux côtés du peuple congolais jusqu’à la victoire finale.
« Félix Tshisekedi vient de déclarer la guerre au peuple congolais. Comme à Kisangani, il vient de réitérer sa position de changer la constitution à Lubumbashi. Mais, laissez-moi vous dire qu’il ne réussira pas, parce que je vais me mettre debout avec vous, peuple congolais, pour lui barrer la route », a-t-il déclaré depuis son bureau à Kinshasa.
Et de menacer : « Peuple Congolais, n’ayez pas peur. Félix Tshisekedi a déclaré que personne ne pourra l’empêcher à changer la Constitution alors qu’il me connait très bien. On verra bien celui qui gagnera. Peuple congolais, n’ayez- pas peur ».
Lors d’un meeting le week-end dernier à Lubumbashi (Haut-Katanga), le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a réitéré sa ferme volonté d’initier une réforme constitutionnelle. Le chef de l’Etat promet la mise en place d’une commission dès l’année prochaine, qui sera chargée de statuer sur des amendements à apporter à l’actuelle Loi fondamentale de la RDC.
D’après le président Tshisekedi, sa démarche relative à la modification ou changement de la Constitution vise à favoriser le redécollage de la République démocratique du Congo (RDC), l’actuelle Constitution ayant montré toutes ses limites.
« Je considère que c’est une injure à l’endroit de l’élite congolaise de nous interdire de réfléchir sur notre Constitution », a ajouté Félix Tshisekedi.
Voulant faire comprendre à l’opinion que sa démarche ne vise nullement un troisième mandat (ce qu’interdit la Constitution) comme l’affirme une certaine opinion, Félix Tshisekedi a juré de ne faire que ce que la Loi lui permet.
« Je ne suis pas venu pour m’éterniser au pouvoir. Tout ce que je fais, tout ce à quoi je pense, c’est le bonheur de mes compatriotes et le développement de mon pays, la RDC. Car, un jour, je deviendrai ex-président. Et Je veux vivre dans mon pays auprès des miens, après avoir été président de la République », a rassuré le président Tshisekedi.
Le président Félix Tshisekedi estime pour sa part, que la Constitution promulguée en 2006 a été rédigée à l’étranger et par les étrangers. Ce que rejette Martin Fayulu qui rappelle, à cet effet, qu’il était vainqueur à l’issue de la présidentielle de 2018 alors que la centrale électorale a choisi de proclamer Félix Tshisekedi gagnant.
Quant à l’article 217 de la Constitution dont l’interprétation des membres du régime soulève une vague de réactions, Martin Fayulu renvoie le chef de l’État à la lecture de cette disposition tout en complétant l’article 214.
« Comme sa Première ministre, il vient de démontrer qu’il ne connaît pas la constitution. C’est grave ! », a lâché Martin Fayulu.
L’article 217 de la Constitution stipule que « La République Démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine ».
Plutôt que de s’appuyer sur à l’article 217 que le président de la République présente comme dangereux, l’opposant Martin Fayulu reproche à Félix Tshisekedi le fait d’autoriser il y a quelques mois, l’adhésion du pays à l’EAC dont il n’a pas compris les conséquences. « C’est là que certains pays africains pouvaient prendre certaines portions de notre territoire. Pas la Constitution ».
« Qu’il me cite un seul article de la constitution qui l’empêche de récupérer Bunagana et les 120 autres localités aujourd’hui occupés par le M23, qui lui permet d’encourager la corruption, de laisser les deniers publics être volés par n’importe qui…», a-t-il défié.
Hormis Martin Fayulu, plusieurs autres opposants ainsi que des membres de la Société civile ont affiché leur opposition face à l’initiative de Félix Tshisekedi visant à modifier la Constitution. Au nombre de ceux-ci, Delly Sessanga (président national de Envol) ; Denis Mukwege (candidat malheureux à la présidentielle de 2023) ; Bernadette Tokwahulu et autres.
Un front commun
Pour l’opposant Delly Sessanga, il n’est pas question de modifier la Constitution de la RDC tant que des solutions ne sont pas trouvées aux différents problèmes structurels que connait le peuple Congolais. Il juge, comme martin Fayulu, la démarche de Félix Tshisekedi d’inopportune.
Interpellé brutalement puis relâché lors d’une manifestation contre le projet de révision de la Constitution et le troisième mandat de Tshisekedi, l’opposant Delly Sessanga n’a pas tardé à critiquer l’interprétation du chef de l’État sur cet article 217 de la Constitution de 2006.
« La manipulation, c’est lorsque vous versez dans une interprétation tout à fait iconoclaste de l’article 217 de la Constitution par un faux bruit, en faisant croire que cet article expose le Congo à céder des territoires à des États voisins », a réagi Delly Sessanga dans une vidéo postée sur ses plates formes numériques.
Le président de l’Envol est de ceux qui pensent que la résolution des problèmes de la RDC ne nécessite nullement le changement de la Loi fondamentale. Il fait partie d’un groupe des personnalités politiques, mouvements citoyens, partis politiques qui ont lancé, le samedi 9 novembre 2024, un appel contre le changement de la Constitution et l’éventuel troisième mandat de Félix Tshisekedi.
Dans une déclaration commune intitulée « Appel au sursaut patriotique contre le changement de la Constitution et un troisième mandat du Président Félix-Antoine Tshisekedi », ce mouvement se donne pour mission de sensibiliser et d’organiser la population afin de stopper la « forfaiture ».
Selon les membres de cette plateforme, Félix Tshisekedi cherche à rompre le pacte de stabilité pour s’accrocher au pouvoir au-delà de ses deux mandats.
Ce mouvement appelle les députés, sénateurs, membres du Gouvernement et autres personnalités politiques à prendre publiquement leurs distances avec cette initiative de révision constitutionnelle. Les ténors du mouvement annoncent une série d’actions d’envergure, à l’échelle nationale et dans la diaspora, pour lutter contre cette réforme.
CHRONIK’ECO