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Dikembe Mutombo, le premier Africain au panthéon du basketball mondial

Finalement, l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire de la NBA, la ligue américaine de basketball, n’aura pu que ralentir le sort qui s’acharnait sur lui. Dikembe Mutombo, celui que tous les fans de basketball surnomment affectueusement Mount Mutombo, est décédé. Il a succombé à une tumeur au cerveau alors qu’au terme d’une riche carrière sportive il s’engageait à développer le basketball en Afrique.

Dans le milieu du basketball, la date du 30 septembre fait désormais office de souvenir douloureux. Lundi 30 septembre 2024, les fans du sport et ses pratiquants, partout dans le monde, ont appris la disparition de Dikembe Mutombo. Pour la grande majorité des amateurs de basketball, c’est l’une des plus grandes légendes de ce sport qui quitte la scène. Mais en Afrique, on pleure bien plus que le joueur. Au-delà du joueur à l’énergie irréelle, du géant au grand cœur de Kinshasa, le Congolais était surtout un grand amoureux de son continent d’origine.

Le 7e fils des Mutombo

Les folklores de nombreuses cultures du monde prêtent aux septièmes fils des capacités presque surnaturelles. Si la vie de Dikembe Mutombo s’apparente à un conte de fées, ses premières années sont pourtant plutôt banales. Elles commencent le 25 juin 1966 à Léopoldville au Zaïre ou plutôt à Kinshasa, car c’est justement durant le mois de naissance du garçon que la ville change de nom.  C’est donc dans un quartier modeste de la ville que grandit Dikembe Mutombo Mpolondo Mukamba Jean-Jacques Wamutombo, le 7e d’une fratrie de 9 enfants. Durant ses premières années, le jeune garçon grandit en étudiant et en aidant sa mère et son petit commerce. Sous la houlette de son enseignant de père, le jeune Dikembe Mutombo apprend l’espagnol, le portugais, l’italien et cinq langues africaines. Il ne pratique pas vraiment de sport jusqu’à ses 15 ans lorsque sa famille prend conscience que le jeune Dikembe a quelque chose de particulier : à peine adolescent, il culmine déjà à plus de 2m de haut. Ses grands frères lui proposent alors de se lancer dans le football.

La rencontre avec le basketball

Le jeune Dikembe Mutombo se met au football qu’il pratique de temps en temps. Mais un jour, alors qu’il a 18 ans, il s’essaie au basketball lors d’une première rencontre. Ce tout premier match se termine par une blessure grave au menton après une chute. « La première fois que j’ai joué, je suis tombé sur le menton. J’en porte encore la cicatrice », en rigole le joueur en interview des années plus tard. Pas assez pour le dissuader de retoucher à la balle orange, mais à cette étape de sa vie, même s’il jouera finalement pour un club local, il n’imagine pas vraiment faire carrière dans ce sport. L’hôpital, le Congolais veut bien le fréquenter, mais pas en tant que patient. Dikembe Mutombo rêve en effet de devenir médecin. Pour se donner les moyens d’accomplir son rêve, le jeune homme excelle dans ses études. Il est si assidu qu’en 1987, il obtient une bourse de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) pour s’inscrire à l’université de Georgetown. A l’origine, le jeune garçon doit seulement y étudier la médecine. Mais, lorsque John Thompson, l’entraineur de l’équipe universitaire, le remarque s’amusant avec un ballon dans le gymnase de l’université, il décide de faire jouer le Congolais à tout prix. Ça tombe bien, Dikembe Mutombo ne démarre pas immédiatement son programme d’études, une fois arrivé à Georgetown. Il doit d’abord faire une année d’acclimatation à l’anglais. Durant cette année, John Thompson l’envoie acquérir les rudiments du basketball dans un championnat local.

Les premiers pas en NBA

Après une année d’acclimatation à l’anglais et au basketball, Dikembe Mutombo fait ses débuts avec l’équipe de Georgetown. Il ne sera pas titularisé jusqu’à ce que l’entraineur le teste au poste d’ailier et que le Congolais sorte des performances hors du commun. Le géant congolais n’est pas forcément le joueur le plus élégant à regarder ou n’enchaîne pas les gestes fantasques, mais n’importe quel amateur de basketball se rend compte qu’il excelle dans un domaine bien précis : la défense. Sa taille, sa constitution physique et surtout sa pugnacité en font un défenseur unique en son genre. Il est élu meilleur défenseur de la Conférence universitaire Big East en 1990 et 91, et quitte Georgetown avec le meilleur pourcentage de réussite aux tirs de l’histoire de la fac (64.4%). Seulement, briller à l’université c’est bien, mais si le Congolais veut faire partie des meilleurs, il doit aller en NBA. Il se présente à la draft, l’événement annuel durant lequel les équipes choisissent parmi les jeunes talents, et est sélectionné pour rejoindre l’effectif des Denver Nuggets. « J’ai une pensée pour les jeunes de chez moi. Ma draft est une leçon de vie et j’espère qu’ils pourront suivre le chemin », se réjouit Dikembe Mutombo quelques minutes après la Draft. Il ne le sait pas encore, mais son parcours, celle d’un des joueurs les plus iconiques de l’histoire du basketball, ne fait que commencer.

La légende de Mount Mutombo

Malgré la draft, Dikembe Mutombo ne se sent pas réellement à sa place. Il a une nouvelle image de lui-même lorsque Bill Russell, 11 fois champion de la NBA, le prend sous son aile pour l’aider à s’acclimater dans la grande ligue. La légende est en fait un ami très proche de John Thompson, l’ancien coach du Congolais. La légende conseille à Dikembe Mutombo des moyens de devenir dominant en défense. « J’ai passé cinq jours avec lui, il m’a convaincu de mon potentiel. Il m’a assuré que je pouvais devenir une star », déclare fièrement Mutombo. A partir de ce moment, Dikembe Mutombo ne sera plus jamais le même. Plein de confiance, le joueur commence sa carrière NBA tout feu tout flammes. Le magazine sportif américain Sports Illustrated le décrira en ces termes : « Mutombo est un pivot qui défend la raquette avec la sévérité d’un huissier ». Bientôt, le Congolais devient une référence défensive en NBA, mais pas seulement. A la fin de sa première saison, il affiche des moyennes de 16,6 points, 12,3 rebonds, 2,2 passes décisives et 3 contres par matchs. Dikembe Mutombo réussit également à rendre la défense spectaculaire dans un sport qui n’a souvent de lauriers que pour les phases offensives.

« Not in my house »

Connu pour contrer les tirs adverses, le Congolais commence à accompagner chaque séquence défensive d’un gimmick devenu légendaire. Chaque fois qu’il contre un adversaire, il s’exclame « not in my house, no,no,no [pas dans ma maison, non,non,non] », pour signifier à son adversaire sa domination dans la raquette, zone qui entoure immédiatement le panier de basket. Il accompagne cette phrase d’un geste : le finger wag qui consiste à faire non du doigt. Finalement, les adversaires s’en plaignent et contraignent Dikembe Mutombo, à coups d’amendes d’arrêter ce type de célébrations. Dikembe Mutombo et sa phrase deviennent malgré tout célèbres dans le monde entier. A coups de blocks, l’insurmontable défenseur des Denvers Nuggets gagne le surnom de Mount Mutombo. Si ses qualités ne rapportent pas de trophées individuels à sa franchise, le Congolais enchaîne les récompenses individuelles.  Meilleur bloqueur de la NBA trois saisons d’affilée : en 1994, en 1995 et en 1996, il est également sélectionné pour le All Star Game, le match de gala des meilleurs joueurs de la ligue à plusieurs reprises. Dikembe Mutombo ne remportera jamais le titre de champion de NBA, mais il sera au cours de sa carrière meilleur défenseur de l’année à 4 reprises, convié 8 fois au All Star Game, 3 fois meilleur contreur, trois fois meilleur rebondeur et 3 fois membre de l’équipe annuelle des meilleurs joueurs de la NBA. Il a surtout une petite rivalité avec Michael Jordan, considéré comme le meilleur joueur de basketball de tous les temps. Dikembe Mutombo fait savoir à l’américain qu’il n’a jamais réussi de slam dunk sur lui. Le Congolais pousse la confiance jusqu’à dire à Michael Jordan qu’il n’y parviendra jamais. Quelques semaines plus tard, l’américain y parvient et accompagne son dunk du fameux finger wag. A la fin de sa carrière, Dikembe Mutombo a tout connu de la vie de superstar du basketball en dehors des titres. Depuis 1993, Adidas lui a consacré un modèle de sneakers rappelant les origines congolaises du joueur. Passé par les New York Knicks et les Houston Rockets, le Congolais termine sa carrière en 2009, après une blessure. En 2015, il devient le premier membre africain du Hall of Fame, le panthéon de la NBA. Cette distinction installe définitivement Mount Mutombo parmi les joueurs ayant le plus marqué le basketball mondial.

Le philanthrope

Parallèlement à sa carrière sportive, Dikembe Mutombo a également été un grand philanthrope. Tout commence en 1997 lorsque sa mère décède d’une crise cardiaque sans pouvoir accéder aux soins médicaux à cause de la situation politique tendue de l’époque qui a entraîné des couvre-feux.  Dans la foulée, il fonde en 1997 la Fondation Dikembe Mutombo. Le joueur décide aussi de lever des fonds pour construire un hôpital en RDC. « Je pensais pouvoir rassembler facilement des fonds pour cette cause », assurait-il dans une interview. Finalement, l’hôpital coute 29 millions $ dont 15 millions $ viennent de Dikembe Mutombo lui-même. L’hôpital est nommé Biamba Marie Mutombo comme sa mère. En 2004, le joueur devient également le premier ambassadeur international de la NBA. Malgré sa carrière sportive passée aux Etats-Unis, son attachement à son pays et son amour pour l’Afrique semblent intacts.  « Je n’ai jamais oublié mon pays d’origine qui est le Congo. Bien que j’habite en Amérique, j’avais toujours le souci d’aider le Congo », confie Dikembe Mutombo en interview.

En 2022, Dikembe Mutombo révèle à la presse qu’il souffre d’une tumeur au cerveau. Malgré un long combat, il succombe à la maladie en septembre 2024. « Dikembe Mutombo était tout simplement plus grand que la vie. Sur le terrain, il était l’un des meilleurs bloqueurs de tirs et joueurs défensifs de l’histoire de la NBA », a déclaré Adam Silver, commissaire de la NBA. Les Denver Nuggets et les Atlanta Hawks, deux anciennes équipes du Congolais ont décidé de retirer son numéro, le 55, de leurs effectifs. « C’est un exemple à suivre, car ce qu’il a gagné à l’extérieur, il l’a investi dans son propre pays, à travers des œuvres sociales et caritatives pour le bien-être de la postérité », affirme Ruffin Nsumbu, administrateur de la Fondation Dikembe Mutombo.

Avec Agence Ecofin

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