TRIBUNE – Alors que la RDC semble figée, une impression d’inertie envahit les esprits. L’action du gouvernement est imperceptible, presque inexistante. Rien n’avance, ni au Parlement, ni dans les ministères, ni dans les secteurs stratégiques. Les rares signes de vie politique sont éclipsés par des manœuvres populistes et des déclarations sans portée. On pourrait se demander si le pays n’est pas à l’arrêt complet.
En réalité, le temps semble bien suspendu. Pour comprendre cette situation, il faut revenir quelques mois en arrière, à la nomination de Judith Suminwa au poste de Première ministre. Son arrivée a suscité des attentes frénétiques, comparables à celles que l’on observe lors du lancement d’un produit de grande consommation. Beaucoup espéraient être nommés, peu ont été choisis. Frustration première.
Il a fallu ensuite patienter pour la formation du gouvernement. Le processus fut long et pénible, alimenté par des rumeurs, des spéculations, et des luttes intestines. Finalement, le cabinet est en place, mais à peine installé, il fait déjà l’objet de nouvelles spéculations : ce gouvernement ne serait là que pour six mois, jusqu’en janvier. Frustration deuxième.
Ces événements suffisent à expliquer l’état d’immobilisme actuel. Les ministres semblent gouverner en anticipant un départ imminent, tandis que ceux qui ont été écartés se mobilisent en coulisses pour saboter leurs actions. Ils espèrent prouver qu’ils étaient plus compétents que leurs successeurs, et rêvent d’un retour en grâce. Des réseaux d’influence sont activés pour discréditer les nouveaux ministres, et la machine médiatique se met en branle, diffusant des informations souvent fausses et alarmistes.
Mais pendant ce temps, la vie continue. Les fonctionnaires doivent être payés, les écoles doivent ouvrir, les hôpitaux doivent fonctionner. Pourtant, la rentrée scolaire est bloquée par une grève qui s’éternise, malgré des négociations impliquant les ministères des Finances, de la Fonction publique et du Budget. Ce blocage met en lumière la profondeur des dysfonctionnements : les syndicalistes sont-ils sous influence politique ? Les autorités locales manipulent-elles la situation ? Toutes ces hypothèses nourrissent le malaise ambiant.
Le mandat ministériel, limité dans le temps, impose à chacun de travailler sans relâche pour soulager un pays qui a déjà trop souffert. Saboter les actions de ses successeurs, dans l’espoir de regagner le pouvoir, est non seulement irresponsable mais aussi destructeur pour la nation. Il est temps de se concentrer sur l’essentiel : reconstruire, avancer et servir le bien commun.
ARDA GK
Journaliste indépendant