Face à une situation financière et économique de la République démocratique du Congo (RDC) qui ne fait que se dégrader, le président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique, Florimond Muteba ne veut se taire. Ce fervent défenseur du respect des règles de gestion des finances publiques a décidé de léguer à la postérité un manuel qui pose les vrais problèmes économiques et financiers de la RDC. Florimond Muteba y propose aussi des remèdes devant guérir ce cancer.
Porté sur les fonts baptismaux le jeudi 26 septembre 2024, le nouvel ouvrage de Florimond Muteba, intitulé est publié chez Médiaspaul. Le livre de 382 pages intitulé « Manuel d’analyse et évaluation financière et économique des projets de développement : Pour une meilleure gouvernance des investissements publics en RDC » ramasse tous les problèmes que rencontre l’économie congolaise ou presque. Dans son nouvel ouvrage, ce professeur d’universités et chercheur en finances publiques relève entre autres la problématique de l’absence de lien entre la planification et les décisions d’investissement. Florimond Muteba suscite également un débat sur la problématique des lacunes dans l’information financière au niveau national ainsi que des procédures d’instruction de projets défaillantes. A travers son livre, l’auteur veut à la fois instaurer la culture de la planification et de gestion des projets ; réduire les incohérences entre plans et projets ; centraliser l’information financière ; et mettre en œuvre des procédures raisonnées d’instruction des projets.
A travers différentes étapes de la planification et d’exécution des projets, le professeur Florimond Muteba propose ainsi la formulation du plan à moyen terme ; la programmation et la budgétisation ; la planification et l’articulation.
Un bon système de planification des projets, propose l’auteur, doit prendre en compte un certain nombre d’éléments essentiels. Notamment la conscience politique, les organismes efficaces, un personnel compétent, des procédures définies, une méthodologie commune, et un système continu d’évaluation et de budgétisation intégrée. Florimond Muteba évoque également – quant aux aspects de l’exécution des projets – l’optimisation de l’exécution des projets dans le processus de planification ; la transition vers la phase de fonctionnement des projets après l’exécution ; l’implémentation d’un suivi efficace pour l’analyse et l’optimisation des projets ; l’évaluation d’impact allant des aspects financiers et physiques pour assurer la réalisation des objectifs et bénéfices attendus.
L’auteur du livre donne des instructions pour gérer le cycle du projet, instruisant que « le cycle est un processus itératif qui consiste en une série de décisions ; le passage d’une étape à une autre nécessite la prise d’une décision ; à chaque étape le projet peut être abandonné, passer à l’étape suivante ou revenir à l’étape précédente pour être restructuré et affiné ; un rapport est généralement préparé à l’issue de chaque phase ».
Quant aux étapes d’élaboration d’un cadre logique, Florimond Muteba pense qu’il faut nécessairement identifier le but du projet/objectif spécifique ; définir les extrants/produits permettant d’atteindre ce but ; identifier les intrants /moyens nécessaires pour obtenir les extrants ; formuler la finalité/ou objectif de développement à laquelle le projet doit contribuer ; définir les conditions critiques pour chaque niveau en commençant par les intrants ; identifier les IOV pour chaque niveau ; identifier pour chaque IOV les moyens de vérification ; valider le cadre logique.
« Le succès de l’exercice de planification stratégique dépend de : l’énoncé d’une vision claire par les dirigeants ; l’engagement constant des dirigeants ; choix d’une démarche adaptée à la culture et à la taille de l’organisation ; l’adoption d’un calendrier réaliste ; la disponibilité d’instruments de base facilitant l’exercice ; la collaboration et la concertation de tous les gestionnaires et des secteurs clés de l’organisation », écrit l’auteur.
S’agissant des principales méthodes d’estimation des coûts, ce professeur d’universités est d’avis que l’analyse financière et économique des projets nécessite l’enquête auprès des fournisseurs éventuels ; l’utilisation des tarifs et des résultats d’enquêtes ou de réglementations ; l’appel à des ingénieurs spécialisés. A propos de l’actualisation et de critères de choix des investissements, il propose l’approche psychologique ; l’approche financière ; le critère du bénéfice actualisé ; le critère du taux de rentabilité interne ; le critère de délai de récupération du capital investi ; le critère du taux moyen de rentabilité ou critère comptable.
La problématique de la pollution urbaine et l’émission de gaz à effet de serre intéressent également l’auteur. Quant à la pollution du sol, il propose la contamination par des produits chimiques et des métaux lourds. Pour la gestion des immondices, Florimond Muteba propose la production et le traitement des immondices urbaines et industrielles. Il propose que cette analyse soit orientée vers la perte de biodiversité, la détérioration des paysages, le risque naturel et technologique, bruit et santé humaine.
Florimond Muteba estime qu’il est important d’évaluer les impacts et services environnementaux dans les différents projets. Il ne s’est pas montré indifférent par rapport à la gestion de l’eau de surface, la disponibilité et qualité de l’eau de source.
Olivier Kaforo