Un sentiment d’optimisme s’est diffusé sur les marchés financiers au cours des derniers mois, les investisseurs étant convaincus que la lutte contre l’inflation entre dans son « dernier kilomètre » et que les banques centrales vont assouplir leur politique monétaire dans les mois à venir.
Les marchés boursiers du monde entier ont enregistré des hausses considérables cette année. Les écarts de rendement observés sur les obligations d’entreprises et souveraines se sont resserrés. De plus, les devises de grands pays émergents ainsi que les flux de capitaux en leur direction ont bien résisté, et plusieurs pays préémergents ont retrouvé l’accès aux marchés internationaux des capitaux.
Et pourtant, ce dernier kilomètre pourrait être semé d’embûches, comme nous le montrons dans la dernière édition du Rapport sur la stabilité financièredans le monde. Nous pourrions assister à une intensification des tensions géopolitiques, qui pourrait peser sur l’état d’esprit des investisseurs. Les tensions dans le secteur de l’immobilier commercial se sont accentuées, ce qui pourrait soumettre certains prêteurs à une pression accrue. Les marchés financiers chinois restent plombés par les problèmes que traverse le secteur immobilier. Au-delà de ces inquiétudes qui se posent dans l’immédiat, les vulnérabilités liées à l’endettement continuent de prendre de l’ampleur : dans de nombreux pays, les secteurs public et privé empruntent massivement, même si les taux d’intérêt restent élevés et si la croissance ne va vraisemblablement pas accélérer, d’après les projections des Perspectives de l’économie mondiale.
Si l’on prend du recul, certains éléments récents montrent que la désinflation marque peut-être le pas dans certains pays et que l’inflation sous-jacente pourrait se révéler tenace dans certains secteurs. Dans certains cas, l’inflation hors énergie et alimentation est supérieure aux prévisions des analystes depuis plusieurs mois. Des chiffres plus élevés que prévu pourraient remettre en question le scénario du dernier kilomètre et l’optimisme qu’il suscite chez les investisseurs, avec pour conséquences possibles une correction sur les marchés financiers et une volatilité accrue.
Une inflation tenace
Après avoir rapidement décéléré dans le monde entier, l’inflation a récemment changé de trajectoire dans de nombreux pays. Les données enregistrées cette année montrent que l’inflation hors énergie et alimentation a accéléré au cours de la période de trois mois la plus récente par rapport à la période de trois mois précédente dans un certain nombre de grands pays avancés ou émergents (Afrique du Sud, Allemagne, États-Unis, France, Italie, Philippines, République tchèque, Royaume-Uni, Suède).
Certains investisseurs semblent estimer que les pressions sur les prix risquent de ne pas s’atténuer rapidement. Les anticipations d’inflation dans les principales puissances économiques pour l’année ou les deux années à venir (induites par la différence entre le rendement des obligations d’État à leur valeur nominale et leur rendement à leur valeur indexée sur l’inflation) sont de nouveau orientées à la hausse. Il est à noter qu’elles restent au-dessus des niveaux de 2 % ciblés par les banques centrales, comme en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni, ou de 3 %, comme au Brésil et au Mexique. D’autres mesures des anticipations d’inflation, comme celles issues des enquêtes auprès des ménages, semblent plus stables.
Avec FMI