Réélu président de l’Afrique du Sud grâce à la formation d’une coalition, Cyril Ramaphosa doit bientôt présenter un gouvernement d’union nationale. Ce nouvel exécutif sera chargé de mettre en œuvre les réformes essentielles pour relever l’économie en général, et le secteur minier en particulier.
Après cinq trimestres consécutifs de hausse, l’emploi dans le secteur minier sud-africain a diminué au cours du premier trimestre 2024. Cette information rapportée le 25 juin par le Minerals Council rappelle la crise que traverse le secteur minier du pays, et dont la résolution sera l’un des défis du prochain gouvernement de Cyril Ramaphosa (photo), réélu président le 14 juin.
Selon les données de l’agence nationale des statistiques, les pertes nettes d’emploi dans le secteur minier ont atteint 2 356 au premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent. Bien qu’il s’agisse d’une hausse de 0,7 % par rapport au premier trimestre 2023, le ralentissement observé est révélateur des problèmes structurels du secteur minier local, aggravés par des pressions opérationnelles et de rentabilité que subissent actuellement d’importants sous-secteurs de l’exploitation minière.
Dans un contexte de baisse des prix des métaux du groupe du platine (PGM), les producteurs sud-africains ont en effet déjà annoncé cette année des restructurations du personnel susceptibles d’affecter environ 7 000 emplois. A cela il faut ajouter les problèmes d’électricité et de logistique, notamment au niveau des infrastructures ferroviaires et portuaires, qui pèsent sur l’exploitation du charbon et du minerai de fer. En cause, les difficultés de la compagnie nationale d’électricité Eskom et du transporteur national Transnet.
Conséquences directes de ces différents problèmes, la valeur ajoutée au PIB par l’exploitation minière a diminué de 2,3 % en glissement trimestriel durant les trois premiers mois de 2024. L’excédent brut d’exploitation de l’industrie minière, un indicateur qui donne une idée de la rentabilité du secteur, a également diminué de 12,8 % en glissement annuel au premier trimestre, précise le Minerals Council.
Un espoir avec le gouvernement d’union nationale ?
Les dernières élections en Afrique du Sud ont acté la fin de l’hégémonie de l’ANC à la tête du pays. Alors que le parti de Cyril Ramaphosa n’a pas obtenu la majorité pour gouverner seul, le président sud-africain a dû s’allier à l’Alliance démocratique (DA) pour assurer sa réélection. La formation d’un gouvernement d’union nationale est en cours, dans lequel le DA devrait jouer un rôle clé. Pour plusieurs observateurs, ces développements sur le plan politique peuvent avoir des implications positives pour le monde le secteur minier.
« L’inclusion du DA pourrait favoriser la libéralisation économique ainsi que les réformes d’Eskom, de Transnet et de la loi sur le travail […] la libéralisation de la réglementation permettrait aux mineurs d’être plus réactifs aux conditions du marché, dans les cycles haussiers et baissiers », écrivait ainsi le World Platinum Investment Council dans une note publiée le 19 juin.
L’efficacité de ces réformes sera essentielle pour assurer la croissance à long terme du secteur minier, qui a déjà perdu de sa superbe par rapport au siècle dernier. La contribution des Mines à l’économie est ainsi tombée à environ 7 %, après avoir atteint un pic de 21 % en 1980.
Emiliano Tossou/Agence Ecofin